Jules Quicherat avait fait de la connaissance et de la
diffusion de la vérité le but capital de sa vie. <...> Lié d'étroite amitié
avec les Éditeurs et le Directeur de. la Bibliothèque des
Merveilles, il suivait avec un vif intérêt le développement de
cette collection, et il indiquait à l'occasion les livres qu'il lui
paraissait utile d'ajouter à la liste déjà longue des œuvres
intéressantes qu'elle comprend. <...> C'est ainsi que peu de temps
avant sa mort, il souhaitait que l'on y fit entrer une étude sur l'an
mille. <...> En écrivant le présent volume, j'ai eu la satisfaction de
réaliser une de ses dernières pensées. <...> Pour composer ce livre, je ne me suis pas seulement
imposé la tâche de dépouiller plusieurs volumes in-folio qui
renferment les sources historiques du dixième et du onzième
siècle; j'ai tenu encore à lire ces grandes liistoires de nos
provinces, que nous devons à la solide érudition française du
dix-septième et du dix-huitième siècle, — et un nombre
considérable de livres, de dissertations et de mémoires, œuvres
de la science moderne, dont on retrouvera les titres, au moins
pour les plus importantes, dans une Bibliographie placée avant
la Table des matières. <...> Or, en parcourant plusieurs de ces
œuvres contemporaines, j'ai souvent trouvé sur l'histoire de nos
monuments des idées et des principes, qui avaient été enseignés
par Jules Quicherat, depuis plus de trente ans, dans cet
admirable Cours d'arch <...>
L'an_mille.pdf
BIBLIOTHÈQUE DES MERVEILLES
L'AN MILLE
FORMATION DE LA LÉGENDE
DE L'AN MILLE
ÉTAT DE LA FRANCE DE L'AN 950 A L'AN 1050
PAR JULES ROY
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 36 GRAVURES
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1885
Droits de propriété et de traduction réservés
Стр.1
A LA MÉMOIRE
DE JULES QUICHERAT
JE DÉDIE CE PETIT LIVRE
Comme un hommage de profonde reconnaissance
Pour le Maître
Comme un témoignage d'inaltérable souvenir
Pour l'Ami
Стр.2
TABLES DES MATIÈRES
TABLES DES MATIÈRES....................................................... 1
AVANT-PROPOS..................................................................... 2
CHAPITRE PREMIER De la croyance а la fin du monde
dans les mythologies orientales.......................................... 5
CHAPITRE II De la croyance а là fin du monde dans les
mythologies а classiques. ................................................. 16
CHAPITRE III Des croyances а la fin du inonde chez les
premiers chrétiens. Les millénaires. — Influence de
l'apocalypse de Saint-Jean. ............................................... 23
CHAPITRE IV État politique et matériel de la France au
dixième siècle. Le peuple. ................................................ 34
CHAPITRE V La guerre au dixième siècle. — Les
Grands. ............................................................................. 49
CHAPITRE VI État intellectuel de la France au dixième
siècle. Le clergé................................................................ 72
CHAPITRE VII Étude des témoignages des historiens
contemporains relatifs а l'an mille.................................... 96
CHAPITRE VIII L'an mille et la première moitié du
onzième siècle dans les principaux États de l'Europe. ... 109
CHAPITRE IX La renaissance de l'architecture qui suit
l'an mille. ........................................................................ 128
CHAPITRE X La renaissance littéraire qui suit l'an mille. ... 147
CHAPITRE XI La langue vulgaire et le réveil du peuple
après l'an mille................................................................ 162
CHAPITRE XII Résumé. — Naissance de la légende de
l'an mille. Le monde moderne et les Comètes................ 177
BIBLIOGRAPHIE ................................................................ 191
1
Стр.3
AVANT-PROPOS
Outre mon admiration et ma reconnaissance pour l'un
des Maîtres de ma jeunesse auxquels je dois le plus, deux
raisons m'ont fait un devoir de dédier ce petit volume а la
mémoire du grand savant et du grand patriote que l'érudition
française a perdu en 1882.
Jules Quicherat avait fait de la connaissance et de la
diffusion de la vérité le but capital de sa vie. Lié d'étroite amitié
avec les Éditeurs et le Directeur de.
la Bibliothèque des
Merveilles, il suivait avec un vif intérêt le développement de
cette collection, et il indiquait а l'occasion les livres qu'il lui
paraissait utile d'ajouter а la liste déjà longue des œuvres
intéressantes qu'elle comprend. C'est ainsi que peu de temps
avant sa mort, il souhaitait que l'on y fit entrer une étude sur l'an
mille. En écrivant le présent volume, j'ai eu la satisfaction de
réaliser une de ses dernières pensées.
Pour composer ce livre, je ne me suis pas seulement
imposé la tâche de dépouiller plusieurs volumes in-folio qui
renferment les sources historiques du dixième et du onzième
siècle;
j'ai tenu encore а lire ces grandes liistoires de nos
provinces, que nous devons а la solide érudition française du
dix-septième et du dix-huitième siècle, — et un nombre
considérable de livres, de dissertations et de mémoires, œuvres
de la science moderne, dont on retrouvera les titres, au moins
pour les plus importantes, dans une Bibliographie placée avant
la Table des matières. Or, en parcourant plusieurs de ces
œuvres contemporaines, j'ai souvent trouvé sur l'histoire de nos
monuments des idées et des principes, qui avaient été enseignés
par
Jules Quicherat, depuis plus de trente ans, dans
cet
admirable Cours d'archéologie qu'il a créé а l'École des Cliartes
en 1847. Divulguées, répandues
par tant de générations
d'élèves, plusieurs de ses théories sont tombées dans le domaine
public et sont aujourd'hui reproduites sans qu'il soit fait mention
de leur auteur. Elles sont considérées justement comme l'un des
fondements de l'histoire de notre Archéologie nationale, et pour
cette raison j'ai dû moi-même les reproduire soit dans ceux de
2
Стр.4
L’an Mille
Avant-Propos
mes chapitres ou il est question de l'architecture religieuse et de
l'architecture militaire, soit dans
divers passages
relatifs а
l'archéologie en général; mais j'avais а cœur de redire le nom de
l'homme éminent qui les a créées, aux générations qui ne l'ont
pas connu. Ainsi que l'a rappelé mon savant collègue et ami, M.
Robert de Lasteyrie, dans une remarquable Notice sur notre
regretté Maître, c'est а Jules Quicherat que l'on doit, entre autres
doctrines aujourd'hui acceptées partout, la théorie la plus
ingénieuse qui ait jamais été formulée sur l'architecture romane:
«recherchant les causes qui ont pu amener les transformations
successives de l'architecture du onzième au douzième siècle, il
développa en 1851, dans la Revue archéologique, cette théorie,
alors absolument neuve, c'est que le principe de tous les progrès
de l'architecture romane réside dans les voûtes. C'est le désir de
voûter les églises qui, vers l'an mille, a obligé les constructeurs
a abandonner les anciennes proportions des basiliques latines.
Ce sont les efforts persévérants faits par eux pour résister а la
poussée des voûtes qui ont sollicité leur génie, surexcité la
fécondité de leur imagination, développé tous les germes de
progrès. Le problème n'a pas été résolu partout de la même
façon, nos églises romanes présentent bien des variétés de
voûtes, de là ces nombreuses différences qu'elles présentent
dans les détails de leur construction. Après avoir solidement
établi ces principes, Quiclierat eu déduit logiquement toutes les
conséquences. Il propose de classer les différentes écoles de
l'époque romane, non plus
d'après
tel ou
secondaire, comme le stylo de l'ornementation, par exemple,
mais d'après ce caractère bien autrement considérable puisque
tout en découle: le mode de construction des voûtes. Il passe
alors en revue tous les genres de voûte: le berceau, plein cintre
ou brisé,
la voûte d'arête,
la croisée d'ogive; il expose les
origines, l'emploi, les perfectionnements de tous ces systèmes,
il détermine les
prédominé,
et pose enfin les
d'une classification
Malgré mon respect pour la parole du Maître, j'ai dû me
séparer de lui sur un point important de notre histoire nationale.
Jules Quicherat acceptait l'idée que l'on a communément des
3
régions de la France ou chacun d'eux a
bases
véritablement scientifique des écoles d'architecture а l'époque
romane.
tel caractère
Стр.5